5 semaines en terre Quechua à Pamparomas

Publié le par Cha' auto-proclamée princesse des frogs

Pamparomas, dans la Cordillère Noire

Samedi 2 mai à Lima c'est le grand départ pour Pamparomas, un jour et demi de route devant moi, je passe le terminus de la Gare Plaza Norte pour prendre mon premier bus... Après une semaine passée dans les « combis » de la capitale je m'attends au pire pour les 6h suivantes en bus de nuit... Je suis en retard, je fais la queue pour le mauvais bus... Ca commence mal... Finalement je finis par me retrouver, 10 min de retard personne ne fait la queue, un mec avec un petit comptoir et une camera semble un peu s'ennuyer... Je m'avance avec mon plus beau sourire, mon accent français bien prononcé et un petit air désespéré dans les yeux (faut mettre toute les chances de son côté avec les autorités péruviennes...), je pense vraiment avoir raté le bus mais il y en a un sur le départ avec un peu de chance... « Je suis désolée je suis en retard mais c'est mon bus je peux passer s'il-vous-plaiiiiit ». Il mate mon billet, sans me regarder... « Allez vous asseoir on vous appellera... »... Euuuuuh non je veux prendre le bus j'insiste et lui montre l'heure sur mon billet 22h30 il est 22h45 ! « Le bus n'est pas là, il part de l'entrepôt à 22h30 donc il sera bientôt là... » ! Ah beh voilà il suffisait de le dire... Heureusement que le chauffeur ne gare pas son bus à 200km...

Je monte finalement dans le bus avec bien 30min de retard vite oubliée quand je découvre ce monstre de bus !!! Un mec qui te place, un siège moelleux et en cuir qu'aucun fauteuil de salon ne peut concurrencer, des coussins, des couvertures... ici même les géants ne sont pas de reste ; j'ai bien encore 1m entre mes genoux et le siège devant moi, je n'arrive même à attraper la tablette qui y est accrochée si je reste assise au fond de mon siège... Des films, des livres, de la musique... Je m'endors au bout d'1h avec la playlist « reggae » dans les oreilles. « Señorita...Señorita... », je sens une main sur mon épaule, l’hôtesse me réveille, « Vous vous arrêtez à Chimbote je crois, on arrive dans 10min... » !! Il y a même un réveil humain dans ce bus ?!

Je descends je n'en reviens toujours pas, trop de confort faut pas en prendre l'habitude...

Moro, sur la route entre Chimbote et Pamparomas

Moro, sur la route entre Chimbote et Pamparomas

5h30 Rosamery, la directrice de l'association m'attend, on part chez son frère qui nous invite pour le petit dej... 8h30 second bus et cette fois ci sans surprise c'est un combis, 1h jusqu'à Moro ; bye bye la côte on s'enfonce dans la sierra. Arrivées à Moro, la chaleur est étouffante, les paysages sont lunaires mais le petit bled bouge bien, on doit y passer quelques heures en attendant le combis suivant. 15H c'est l'ultime trajet, 2h de route assez large que pour une voiture et toujours une chaleur écrasante. Pamparomàs est niché à 2800m d'altitude, à 3h de la première « ville », c'est un village bien isolé qui vit essentiellement de l'agriculture (céréale, quinoa, pomme de terre de toutes sortes, élevage...). Les paysages sur la route sont juste à couper le souffle, de grandes montagnes arides se dressent devant nous, parsemées de cactus de toutes les tailles comme seule végétation. Ma position dans le combis ne me permet pas de prendre des photos mais je ne pourrais pas oublier cette impression d'immensité !!!

Pamparomas

Pamparomas

Pendant le trajet Rosamery me parle un peu du village et de l'Association des femmes Shunac (j'apprendrais plus tard que c'est le nom du pic surplombant Pamparomas) avec laquelle je vais travailler les après-midi.

Arrivée à Pamparomas on part rencontrer mon hôte pour ces 5 semaines... Santa est un petit bout de femme d'1m50 toute frêle, un sourire timide, un chapeau, un chemisier et une jupe droite noire. Je pense que c'est sa seule tenue, ou plutôt sa préférée parce qu'elle en a de reste mais je l'ai jamais vu habillée autrement... Elle vit dans une maison que je vais qualifier de rustique pour ne pas vous faire peur, les toilettes qui servent aussi de douche (froide) sont à l'extérieur, à l'étage l'évier pour la vaiselle toujours à l'extérieur puis la porte d'entrée donne sur le salon qui donne sur trois chambres. Le sol est en bitume une table et deux bancs. Les murs sont peints en bleu ciel et des fleurs en ballons gonflables y sont accrochées. Face à la porte d'entrée, la cuisine est derrière une porte en tolle, le sol en terre battue une cuisinière d'un autre temps et un feu avec lequel Santa cuisine tous les jours le préférant au gaz.

Un couple de prof occupent une des trois chambres de l'étage. La femme est enceinte de 5 mois, ils vivent, cuisinent, mangent... dans 10m carré à peine. Pour ma part, je vais occuper la chambre du rez de chaussé attenante à un grand garage. Elle est bien arrangée et pas si petite que ça, avec une grande fenêtre floutée (je vois rien mais au moins il y a un peu de lumière...) une table et un petit lit. Pour la première fois depuis longtemps mes habits ont l'occasion de séjourner en dehors de mon sac, pas d'armoire mais la table va leur offrir le luxe de pouvoir respirer un peu ;) !

Cajabamba alto (3800m d'altitude)

Cajabamba alto (3800m d'altitude)

Dès le lendemain matin je commence à la maternelle du village, je vais y passer toutes mes matinées pendant un mois manière de filer un coup de main et de voir comment ça se passe.

Le système éducatif est un peu différent du notre ; la maternelle, appelé « El jardin » est obligatoire dès 3 ans, elle accueille les petits de 3 à 5 ans de 8h à 12h30 du lundi au vendredi, à partir de 6 ans et ce jusqu'à 14 ans tout le monde se retrouve dans le même établissement « El Colegio ». Ne me demandez pas ce que font les petits l'après-midi, ici pas de structurent de loisirs ou de péri-scolaire, tout le monde rentre chez soi. Pour certain « rentrer chez soi » ça signifie 1h ou 2 de marche, je ne pense pas qu'ils aient besoin de plus se défouler le reste de l'après-midi.

Aaaah et j'allais oublier... Ici la religion est partout y compris à l'école qui plus est à l'école publique puisque le gouvernement est catholique et que l’Église y a un pouvoir certain ! Donc tous les lundi, après le petit-déjeuné la maîtresse nous chante une petite chanson pour nous dire combien Dieu nous aime, merci à lui de faire briller le soleil et faire tomber la pluie...

Pendant une discussion avec elle sur le sujet elle finit par me dire « ça n'a pas beaucoup de significations pour moi, c'est plus une habitude qu'autre chose... Et puis quand les élèves changent d'établissement, à 6 ans, si ils ne sont pas catholiques ils ont le droit de ne pas aller aux cours de religion.. ». Je n'ai pas osé dire que moi aussi à 6 ans ma mère* m'a donné le choix...entre le cathé et le basket ^^ !

*Maman c'était la honte d'écrire « maman » à la place de « mère » ne crie pas je ne t'entends pas...

Association des Femmes Shunac
Association des Femmes Shunac

Je passe tous mes après-midi à l'association des femmes Shunac. Elles confectionnent des poupées en tenues traditionnelles des ponchos, des bonnets... Elles ont un nouveau projet de fabrication de confitures à partir de produits locaux. Les péruviens ne consomment pas de confiture ce n'est pas dans leurs habitudes. C'est donc une première expérience pour ces 7 femmes de cuisiner ce produit et de le vendre.

Pendant ces 5 semaines je dois donc leur monter une petit vidéo pour promouvoir cette nouvelle activité. Elle sera publiée sur leur site internet, destinée à d'éventuels clients à l'étranger ou des commerçants de la région qui pourraient les vendre dans leurs boutiques.

Rendez-vous début Juin pour le projet final je ne vous en dit pas plus mais révisez votre espagnol ;)

5 semaines en terre Quechua à Pamparomas

El Dia de la Madre, une grande fête...

Le dimanche suivant c'est le jour de la fête des mères, les maîtresses m'expliquent que pour l'occasion elles organisent une petite fête le vendredi à l'école. « Petite » n'est pas le mot que j'aurais employé... Dès 7h du matin on doit décorer l'extérieur de l'école, un papa arrivent avec la sono, quelques mamans cuisinent déjà... Petit à petit les familles arrivent et s'installent. Toute la matinée les petits vont danser, chanter, réciter des poésies... Les maîtresses stressent un max et doivent faire un discours, avant d'animer la matinée.

Pour moi, ça sent plus la fête de fin d'année que la fête des mères... Des cadeaux sont offerts aux mamans, qui n'ont pas été confectionnés par les enfants, non non ce sont des cadeaux de la municipalité plus 3 paniers garnis à gagner. S'ajoutera dimanche un sac de courses pour toutes les femmes de la commune ( 3 paquets de pâtes, du sucre, 1kg de sel, du riz, de l'huile...). Ce sac est offert à la plupart des femmes du pays dans chaque commune. Il en est de même pour chaque famille pour Noël et le premier de l'an, de sorte que tout le monde puissent préparer un repas et célébrer c'est trois jours de fêtes dans l'année...

Je rentre à 13h chez Santa, et pendant le déjeuné même délire à la télé. Aux infos que des sujets sur la fête des mères, sur les mamans de célébrités... C'est parti pour un week-end pour le coup plus que festif, Santa m'explique que dimanche ce sera la fête dans tous le village avec des spectacles des élèves « Del Colegio », des bandas, un marché, des animations et un tournois de foot féminin l'après-midi !!!

Non, désolée je n'ai pas de photos, dimanche j'étais clouée au lit avec 39 de fièvre... Putain de gamin qui m'ont refilé leur virus, j'ai loupé la fête des mères la plus festive de ma vie !!!

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